Nicolas Kssis-Martov
Aveuglés par les lumière du Qatar, vous pensiez peut-être naïvement que le foot parisien était définitivement passé du coté obscur, entre abonnés avides de titres (bref, l’exemple contraire d’un supporter) et futurs Ballons d’Or ? Or, dans l’ombre, un foot de soudards du professionnalisme et d’apprentis stars passées à coté de leur carrière continue de faire vivre le vieil idéal francilien en matière de ballon rond : seul contre tous, et pas trop nombreux si possible. Il faut savoir choisir entre la fidélité et la renommée. Voici l’histoire cachée dont personne ne veut parler ni entendre parler.
La relégation des uns fait le repêchage des autres. Deux grands et vénérables clubs sont en train de voir leur destin se croiser. C’est en tout cas ce que doivent secrètement souhaiter les dirigeants du Red Star, qui par la grâce, entre autres, de la descente aux enfers du Racing de Strasbourg (placé en redressement judiciaire) ont enfin réussi à toucher au but : une montée en National, vaguement synonyme d’un purgatoire vers le paradis de l’élite. Il faut dire qu’au sein d’une division renouvelée de moitié, tous les espoirs sont dorénavant permis, bien que l’expérience des dernières années, avec la DNCG en embuscade moralisatrice, pousse plutôt à considérer ce cadeau comme empoisonné de tous les risques de rechute immédiate en CFA.
Lettres de noblesse
L’instance de régulation de la Ligue a toujours en effet eu la main plus lourde pour les petits clubs (le Red Star a vu sa masse salariale encadrée), tout simplement parce que ces derniers peinent à trouver des investisseurs prêts à combler des déficits qui ne font que se creuser et s’amplifier au fur et à mesure des ascensions successives. Et d’ailleurs, une fois de plus, le pensionnaire du 9-3 a du se tourner vers la mairie communiste de Saint-Ouen afin que le mythique stade Bauer puisse accueillir au plus vite les matchs contre Colmar ou Beauvais. Au passage, Madame le maire d’un des derniers bastions de banlieue rouge s’est fendue d’une très instructive lettre de félicitation :« Avec ce retour tant attendu au plus haut niveau, la Municipalité de Saint-Ouen renforcera encore son soutien et son accompagnement à ce club emblématique qui a fait vibrer plusieurs générations de supporters. Je sais que les Audoniens auront à cœur d’encourager cette équipe qui leur est chère. Au delà de notre ville, le Red Star porte une image positive de nos territoires, de notre jeunesse, avec la promotion de valeurs fondatrices de notre identité : solidarité, respect, citoyenneté ».
Finalement tout est dit. Car au grand jeu du second club parisien, que tous appellent de leurs voeux en sachant très bien qu’il n’arrivera pas de sitôt, le Red Star possède de sérieux atouts symboliques. Du moins de ceux que les journalistes, politiques et sociologues aiment mettre en avant dès qu’il s’agit de redonner ses lettres de noblesse au foot dit populaire. Il représente, en outre, un pan entier à lui tout seul de l’histoire du foot hexagonal. Fondé en 1897 par Jules Rimet, catho de gauche (l’exacte inverse de Coubertin), anglophile et futur inventeur de la coupe du monde, il aura brillé entre les deux guerres, offert un héros la résistance à la nation (Rino Della Negra de la FTP-MOI), plongé en seconde division en 1955 cause de « malversation » avant de quitter définitivement l’élite en 1974 (il était remonté l’année précédente en devançant le PSG !). Mais même en deuxième division, les rares spectateurs et supporters ( Partisans 33, Perry boys, etc.) pouvaient encore voir Safet Sušić y clôturer sa carrière parisienne en 1992 , le temps d’une petite aventure en coupe de France.
Un nouveau souffle ?
En gros, le genre d’objet footballistique qui fait le régal du Parisien -édition séquano-dynosienne- et de Politis. Seulement, malgré toute la bonne volonté de son président Patrice Haddad, il reste à trouver l’infrastructure économique qui, dans la France de 2011, garantit d’emmener en L1 sans en devenir le triste successeur d’Arles-Avignon ou de Grenoble. Et surtout un public, car l’enracinement dans le réseau associatif attire peu les mécènes et remplit rarement les tribunes (d’autant plus que, même si ce fut long, le PSG a réussi à s’implanter dans l’imaginaire mental et culturel de la banlieue, les rappeurs portant plus souvent le maillot rouge et bleu que vert). Finalement une difficulté identique se pose au Paris FC, sensé être le phare footballistique de l’est parisien, tout comme le Red Star est supposé régner sur le nord, et qui attend toujours, après avoir incarné l’abcès de la droite sur le visage de la mairie Delanöé (il squattent désormais le stade Charlety, bien loin de sa base), de vrais investisseurs capables de financer ses rêves de grandeurs (Luc Besson ?) - de son coté, Créteil ne semblant guère à raison pressé de passer à l’étage supérieur -.
Peut-être que le maintien du plan Leproux apportera de ce point de vue un nouveau souffle (et des derby un tantinet agités), tant il est vrai que certains ex-abonnés VAG ou Boulogne se sont tournés vers le Red Star et le PFC, avec des affinités assez claires (au passage et sans aucun rapport directe, les plus anciens se souviendront d’un Red Star-OM en 1994 embrumé de fumigènes et parsemé de bagarres d’un autre temps, pendant que le KOB présent en nombre entonnait « Merci Red-Star »). Et comme le chantait “La souris déglinguée” : « ils ne veulent pas de toi dans leur surprise party car ton père est communiste et ton frère garagiste ». Vous voilà prévenus à Fréjus-Saint-Rapahël, les rouges reviennent !
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