Focus sur l’exposition médiatique exceptionnelle des joueuses de l’équipe de France féminine de football...
Nicolas Kssis-Martov
So Foot
Retransmission télévisées, Une de l’Equipe, portraits flatteurs dans la presse ou à la radio, etc... Jamais un tel déluge éditorial n’avait englouti le « continent inexploré » du ballon rond. Pourtant derrière cette exposition exceptionnelle, impossible de ne pas réaliser qu’on utilise surtout de nouveau les « petits » (tels ces « petits poucets » de la coupe de France, si fantastiques ministres plénipotentiaires de la masse des amateurs) pour faire oublier les vices et les vicissitudes des pontes du foot professionnel. Et mieux relancer les affaires sérieuses à la reprise. Le foot féminin connait enfin son heure de gloire ! Qu’il en profite vite !
En effet, davantage que de servir la cause du foot féminin, les médias s’en servent pour continuer à refourguer la bonne came masculine, qu’ils paient par ailleurs très cher. Les hommes aillant failli ces derniers temps à faire rêver le bon peuple, du Mondial aux quotas, il fallait bien dégoter un moyen ou un biais de redorer le blason « short et crampons ». En l’occurrence avec ce qui malgré tout constitue un des fondements de son vernis populaire et de son éthique clinquante : ses fameuses valeurs. Et de ce point de vue le « second sexe » semble encore garder une certaine « authenticité », pas trop polluée par les considérations économiques, qui se pare désormais des atours du succès compétitif (Champion’s League et qualification pour la Coupe du Monde), un peu comme, lorsque durant les années 90, le foot hexagonal démontra qu’il pouvait gagner (l’OM face à Milan) et véhiculer le meilleur de la République (les black-blanc-beur de 98).
Un tube de l’été ?
A l’heure ou le pays se (re)découvre - enfin - une passion pour la cause des femmes, y compris en politique, les Bleues ne pouvaient finalement pas mieux tomber. D’autant plus que dans le registre des droits des gays, et malgré les déclarations homophobes de la sélectionneuse nigériane, les filles possèdent une belle longueur d’avance en terme d’outing sur leurs homologues masculins (732 joueurs en Afrique du Sud et pas un seul cas déclaré !) - et la signature de la charte contre l’homophobie à laquelle sont astreintes désormais toutes le fédérations pour l’obtention de la subvention accordée par le ministère de Chantal Jouanno n’y changera pas grand chose malheureusement ; pas plus qu’un comité permanent de lutte contre les discriminations. Même sensation d’innocence retrouvée dans le jeu, un tantinet plus lent mais tellement plus spectaculaire avec ses gestes techniques d’un autre temps, son respect des arbitres et entre joueuses - un peu comme revisionner 82 après la gueule de bois de 2010.
Trop propre le foot féminin ? Trop gentil, trop « politiquement correcte » ? Ce serait certes se tromper de victime. Ce pur produit style tube de l’été, après le handball des « experts » , va vite revenir à ses problèmes quotidiens et les 60 000 licenciées françaises (à peine 3% des effectifs de la FFF) à leur déboires face à l’absence quasi-totale de soutien de la fédé, des districts, et la guerre de tranchée au sien des clubs pour les terrains. Un des paradoxes reste au passage de constater que le foot pro s’avère un de ses plus fervents supporters ces dernières années (cf. les sections du PSG et bien sûr de l’OL, mais n’oublions certes pas Hénin-Beaumont et sa joueuse sans papier toujours menacée d’expulsion). Finalement un investissement des plus rentables puisqu’Aulas a du puiser chez ses joueuses quelques trop rares moments de réconfort et une crédibilité inestimable à peu de frais, loin de son image de gestionnaire ultralibéral d’un club sans âme. Car le sport et le foot ne peuvent se résumer à de simples objets commerciaux. Où plutôt pour être profitable ou du moins performant, ils nécessitent un substrat culturel, avec ses marges et ses minorités, que le marketing affectif doit ensuite mettre en musique. Les Bleues y contribuent avec d’autant plus de simplicité et de sincérité, qu’elles subissent toujours en creux, et bien malgré elles, une misogynie condescendante et dominante sans fard ni la moindre pudeur (à lire les commentaires sur leur physique et leur féminité). Le foot féminin mérite vraiment mieux qu’une romance d’été.
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