Le 5 août est une date importante du côté de Vólos, ville portuaire de Thessalie au centre de la Grèce. On s’y souvient de Petros Malavetas, qui a porté le maillot de l’Olympiakos Vólos avant que les événements ne l’amènent à prendre les armes contre le fascisme.
Yann Dey-Helle
A la fin de la 2nde Guerre mondiale, à peine l’occupant nazi chassé de Grèce, les résistants communistes vont trouver face à eux les forces britanniques bien décidées à garantir le retour du pouvoir monarchiste. La Grèce est alors un pion sur l’échiquier de la Guerre Froide naissante. A Athènes, en décembre 1944, des affrontements armés vont opposer les communistes aux troupes anglaises, épaulées par la police et l’extrême-droite grecque.
Avec le traité de Várkiza, les résistants sont sommés de rendre leurs armes. S’en suit une période de vives persécutions anti-communistes, à base d’emprisonnements, de torture et d’assassinats. En réaction, de nombreux résistants antifascistes vont poursuivre le chemin de la guérilla au sein de l’Armée Démocratique qui sera officiellement vaincue en octobre 1949. Quelques mois plus tôt, le 5 août 1949, Petros Malavetas, avant-centre de l’Olympiakos Vólos, était exécuté. Il avait 31 ans.
Famille de footballeurs et de résistants
Poissonnier de profession, Petros Malavetas était un attaquant robuste et difficile à contenir pour les défenses adverse. Pendant l’occupation, il a été un résistant, puis est devenu un combattant de l’Armée Démocratique. Son frère Nikos, également joueur de l’équipe première avant-guerre et résistant, avait été capturé par l’occupant nazi et pendu sur la place publique en 1943. Dans le giron de l’Union des Athlètes Grecs, de nombreux sportifs se sont engagés du côté de la résistance communiste contre l’occupation nazie-fasciste.
Plusieurs ont payé cet engagement au prix de leur vie, à l’image de Spyros Kontoulis, défenseur de l’AEK exécuté par les nazis en juin 1944 ou de Nikos Godas, attaquant d’Olympiakos Le Pirée exécuté en novembre 1948 à la prison de Corfou, avec le maillot de son équipe sur le dos. Petros Malavetas a lui été capturé par les paramilitaires monarchistes, le 3 juillet 1949. Condamné à mort par une cour martiale, il a été emmené à la prison d’Alexandras où il a été exécuté un mois plus tard avec trente autres militants communistes, laissant une femme, Calypso, et un enfant de deux ans et demi.
Côté tribunes, les “Malavetas Ultras” ont pris ce nom en hommage. Certains 5 août, sur la tombe des exécutés, dans le vieux cimetière de Nea Ionia, l’écharpe des ultras est posée, le temps d’une photo. Une manière de veiller sur la mémoire de ces combattants, et de se dresser contre “l’oubli historique”.
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